Comment expliquer ces effets de vague, malgré la tendance vers une plus grande liberté de choix et un besoin d’originalité ? Sans doute parce que derrière l’impression de choisir librement un prénom, les parents sont influencés à la fois par leurs rêves et leur environnement.
«Il y a autant de raisons que de prénoms possibles», estime François Bonifaix, psychanalyste et auteur de Le traumatisme du prénom. «Vous n’entendrez personne dire : “J’ai choisi ce prénom parce qu’il est à la mode”.» Un prénom est «un résumé de ce qu’on espère» pour son enfant, de façon consciente ou inconsciente – et parfois différente entre les parents d’un même enfant. À ce titre, il est à la fois un «projet» et un «fardeau». «À un moment, dans votre vie, vous devez accepter votre prénom, et faire avec le projet des parents, ou à l’inverse composer en opposition à ce projet.» Ainsi par exemple, dans les années 1980, le rêve américain porté par des milliers de parents s’incarne dans prénoms très populaires comme Anthony. Plus récemment, la série Game of Thrones est devenue «un marqueur de réussite», dans lequel on veut inscrire son enfant en le prénommant Daenerys ou Arya.