Après avoir vu le témoignage de Madisone la semaine dernière, l’un de nos fidèles officionados, Primaël s’est dit “séduit” par cette nouvelle rubrique. D’autant plus que le bougre a le syndrome de la double peine puisque son nom est Poison. Et même triple peine puisqu’il a vécu en Picardie. Primaël se raconte, sans se la raconter. Ici et maintenant.
Tes parents t’ont-ils expliqué pourquoi ils ont choisi ce prénom ?
C’est ma mère qui a choisi, mon père voulait m’appeler Vitus. Primaël (ou Primel) était un Saint du VIème siècle qui avait comme disciple Corentin, comme une collègue et amie de ma mère voulait appeler son fils Corentin ma mère a trouvé sympa de m’appeler Primaël. Elle a toujours été branchée histoire et religion.
“Souvent aussi tu peux lire l’incompréhension dans le regard de l’autre.”
Les gens réagissent comment quand tu annonces ton prénom ?
Non, j’ai jamais rencontré personne qui avait déjà entendu ce prénom quelque part. J’ai forcément droit aux “oh c’est pas commun !” Pas méchant mais un peu épuisant après 26 ans. C’est parfois suivi d’un “on doit vous le dire souvent”. Oh mon petit cake aux olives t’as pas idée… Souvent aussi tu peux lire l’incompréhension dans le regard de l’autre, je trouvais ça vexant à une époque et ça m’est passé, j’ai fait avec. On me demande aussi de répéter plusieurs fois. Y en a d’autres, plus curieux, qui me demandent d’où ça vient. Je leur raconte donc l’origine de mon prénom, parfois ça se termine par “bah ils sont allés chercher loin vos parents”.
“J’ai déjà sorti ma carte d’identité pour prouver que oui, ceci est bel et bien mon vrai prénom.”
Après t’as une autre catégorie de personnes qui sont les potes de potes qui s’autorisent des vannes du genre “tes parents devaient pas t’aimer” (une vanne dont ne se lasse pas ma meilleure amie mais je l’aime donc je laisse faire en soupirant “j’t’emmerde microbe”). Comme j’ai déjà entendu toutes les vannes possibles quand j’étais petit mais dites sur un ton vraiment méchant (j’étais la tête de turc à l’école, en plus mon nom de famille est assez dur à porter, double peine) je laisse couler. Je ne rigole pas, le type sait qu’il a fait un bide et il s’efface poliment.
Pour finir t’en as, peu, qui pensent qu’il s’agit d’un pseudo et j’aimerais déconner en disant que j’ai déjà sorti ma carte d’identité pour prouver que oui, ceci est bel et bien mon vrai prénom.
“J’ai eu droit à Prisunic, Prime à la casse, Primevère, bref plein de trucs qui commencent par “pri-“.”
T’as des exemples de vannes que tu as subies ?
La plus lourde est sans nul doute “El-ma-pri la bite”. Alors celle-la elle m’a suivi de l’école primaire à la troisième. Sinon j’ai eu droit à Prisunic, Prime à la casse, Primevère, bref plein de trucs qui commencent par “pri-“. J’ai grandi dans le Vimeu (Picardie), un coin qui a la triste réputation de canton le plus illettré de France, là-bas les gosses sont vraiment cons mais peut-être que je dis ça par rancune, j’en sais rien, mais je pense que mon prénom a rendu mon enfance encore plus difficile. En plus j’avais déjà tendance à m’exclure tout seul, je suis le troisième d’une fratrie de quatre et mes frères et sœurs ont des prénoms assez communs du coup j’me suis toujours senti à part. Ça s’est calmé quand je suis entré au lycée dans le département voisin, en Seine-Maritime. Même les vannes sur mon nom de famille ont cessé. Là j’ai commencé à ne plus considérer mon prénom comme un fardeau.
Dans ta vie d’adulte, ce prénom t’a servi ou desservi ?
Je ne sais pas si mon prénom me sert ou me dessert. Ce que je sais c’est que grâce à lui (ou à cause de lui) on me retient. Mais ma vie d’adulte ne fait que commencer, on verra bien par la suite.
“J’ai détesté mon enfance.”
Tu as été plus vanné pour ton prénom ou pour ton nom ?
Pour mon nom jusqu’à la fin du collège, ça a brutalement changé par la suite. Nouvelles fréquentations, les gens ont commencé à le trouver cool. Et en arrivant sur Amiens j’ai carrément eu droit à de grands sourires de la part des plus âgés (notamment mon proprio) car mon grand-père avait brillé à l’ASC dans les années 50-60. Un prénom à coucher dehors (du moins jugé ainsi à l’époque), un nom sujet à des blagues faciles, j’ai détesté mon enfance.
“Ma mère est toujours aussi fière de sa trouvaille.”
Aujourd’hui, tu l’assumes ou t’aimerais une seconde chance et en changer ?
Je l’assume totalement. Sans aller jusqu’à l’aimer j’ai appris à le porter sans honte malgré les inconvénients qu’il peut encore avoir aujourd’hui et auxquels j’ai fini par m’habituer. Je n’en changerai pour rien au monde, en plus ça chagrinerait ma mère qui après toutes ces années est toujours aussi fière de sa trouvaille.
“En tapant “Primaël” dans Youtube je suis tombé sur la vidéo d’un mec qui passe l’aspirateur.”
Et tu penses quoi de la hype des prénoms en “Maël” (Maelia, Timaël, Maëlyss etc.)? T’es un précurseur en fait ?
Hahaha, non je ne suis absolument pas un précurseur. Je ne suis pas le seul à le porter, en tapant “Primaël” dans Youtube je suis tombé sur la vidéo d’un mec qui passe l’aspirateur (voir ci-dessous) et qui s’appelle aussi Primaël. Le mec est de toute évidence plus vieux que moi. Attribuons plutôt ce mérite à ce Saint gallois du VIème siècle (qui a une impasse à son nom à Quimper d’ailleurs, sous le nom de Saint Primel).
Concernant la mode des prénoms en “Mael” elle me fait rire, comme beaucoup de modes d’ailleurs (je me marre beaucoup sur votre page). Ca finira par passer tout comme la mode des prénoms composés “Jean-Machin” a fini par passer. Mais j’avoue qu’il y a un prénom en particulier qui m’a fait grincer des dents : Brimaël. Ma théorie c’est qu’un pote enrhumé a prononcé mon prénom alors que sur le même trottoir passait une femme enceinte qui s’est dit “sacré nom d’une pipe en bois voilà une idée de prénom qu’elle est pas con !”. J’ai direct partagé la publication… et mes potes se sont amusés à se donner du “Brimaël”, du “Bivien”, du “Bicole” et du “Bulien” pendant toute la soirée !
Le mot de la fin ?
Merci à vous. La bise à tous les followers de la page (avec lesquels je me marre bien) et surtout bonne continuation à vous !
Toi aussi, tu as un prénom original et tu aimerais témoigner. Envoie un mail à antoine@loec.fr !
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